Featured Video Play Icon

Méthodes agiles appliquées à sa vie

Temps de lecture estimé: 7 minutes

Je travaille dans l’informatique et on entend souvent parler de méthodologies agiles et je trouve intéressant de faire un parallèle et d’appliquer ce concept à sa propre vie.

En gros le principe est simple.

Le cycle en V

Les vieilles méthodes de gestion de projet que certains utilisent toujours consistent à réfléchir des mois à un projet et (essayer de) prévoir tous les moindres détails et ensuite planifier tout ce développement sur des mois / des années puis enfin passer au développement.  Généralement pendant le développement, on se rend compte qu’on n’avait pas prévu tel ou tel point ou qu’il y a un nœud bloquant à tel endroit. Et des mois de développement après, à la livraison, on se rend compte que le besoin à finalement changé parce que:

  • Le besoin du client à changé
  • Il y a maintenant de meilleures technologies
  • Il y a maintenant une meilleure manière de faire
  • Un concurrent à sorti la même fonctionnalité en mieux donc il faudrait s’aligner et redévelopper ladite fonctionnalité.

C’est finalement avoir la grande image finale et là vouloir en Version 1, ça a toutes les chances de prendre du retard, d’être buggé et lorsqu’on livre des mois plus tard, de ne plus correspondre aux usages souhaités et de ne jamais sortir le projet.

Les méthodologies agiles

À l’inverse, on pourrait toujours garder cette grande vision finale, mais accepte de ne pas livrer tout à la fin. On peut faire une V1 avec 20% des fonctionnalités attendues, une V2 avec 40%, une V3 avec 60% etc etc.

Mais ça implique une gymnastique d’esprit différente.

Le backlog

D’abord, on va faire une pile d’idée et de fonctionnalité à développer, de bugs à régler etc. C’est le backlog.

Les priorités

Il faut ensuite définir les priorités de chaque fonctionnalité. Parmi toutes les fonctionnalités de l’application, quelles sont celles qui sont les plus attendues?

Le produit minimum viable

Et dans le cadre de la version 1, quelles seront les fonctionnalités minimum attendues pour avoir une application avec une utilisation viable. c’est ce qu’on appelle un produit minimum viable (PMV ou plus largement utilisé MVP, minimum viable product en anglais. Je te laisse aller consulter mon article sur les acronymes marketing et startup si tu souhaites en connaitre d’autres )

Par exemple, pour un site de petites annonces:
une fonctionnalité qu’on attend de base c’est: en tant qu’utilisateur, de pouvoir consulter une annonce. Mais ça n’a pas trop de sens de lancer une version 1 de son site si d’un autre côté en tant qu’utilisateur, on ne peut pas créer d’annonce.
Donc le MVP doit pouvoir permettre à la fois de créer une annonce et de la consulter. C’est le minimum viable qu’un produit de petites annonces puisse proposer.

Le poids

Maintenant qu’on a les priorités des fonctionnalités, parmi toutes les fonctionnalités de l’application, indépendamment de leur priorité, quelles sont celles qui sont le plus faciles/courte et les plus difficiles/longue à développer?

Ça permet de donner un poids à chaque fonctionnalité.

Le Sprint

Maintenant qu’on a des priorités et des poids, l’idée est ensuite de définir des périodes ou on va mettre la tête dans le guidon avant de se relever, d’analyser et de décider de la suite. C’est ce qu’on appelle un sprint.

Dans l’informatique, classiquement, le sprint dure 2 semaines (mais ça dépend des équipes).

L’équipe définit collectivement combien de poids elle peut encaisser durant ce sprint. Une équipe de 10 personnes débutantes sur 2 semaines peut, peut être, supporter un poids de 100 et une équipe de 5 personnes expérimentées peut peut être supporter un poids de 120.

À partir de là, on a tout les éléments qui nous permettent de définir le sprint. On peut planifier que sur les 2 prochaines semaines, on peut faire la fonctionnalité “lire les annonces” qui pèse 40 et la fonctionnalité “créer une annonce” qui pèse 50 et s’accorder 10 de marge soit pour faire une micro fonctionnalité qui pèse 10 , soit pour les éventuels bugs ou contretemps.

On peut lancer le sprint, le chef d’orchestre garde un œil et s’assure que tout se passe bien pendant que les autres mettent la tête dans le guidon.

La retrospective

À la fin on se relève, on regarde dans le rétroviseur, c’est l’heure du bilan. On analyse ce qui va bien, ce qui ne va pas , on met en place des actions pour essayer de corriger ce qui ne va pas et on prépare le prochain sprint!!!

les avantages

Ça permet en projet informatique de ne pas développer une fonctionnalité qui finalement n’est plus attendue ou alors de l’adapter aux nouveaux besoins ou de se rendre compte que non, changer la couleur d’un bouton n’est peut-être pas la priorité…

L’application à notre vie

Bref, comme je l’ai dit, je trouve ça intéressant de faire le rapprochement avec la gestion de projet de sa vie.

On a tous, je pense, tendances à fonctionner en cycle en V. On dessine la grande image finale. On vise la lune (ce qui n’est pas un mauvais objectif en soi). On défini précisément ce qu’on aimerait avoir en sorti mais on veut y arriver sans vraiment faire le chemin intermédiaire. Ce serait beaucoup plus facile d’arriver à destination juste en claquant des doigts.

et puis quand on voit la montagne à franchir pour devenir comme ci ou comme ça , ou arriver à accomplir ci ou ça, on peut se decourager.

Un des problèmes c’est qu’on compare souvent notre arrière boutique avec la vitrine étincelante des autres… Malheureusement ça ne se passe pas comme ça, il y a forcement une évolution, une progression. On oublie souvent que personne n’est jamais devenu le meilleur dans son domaine du jour au lendemain en claquent des doigts.

Ça me fait penser à une citation de Steeve Jobs:

“If you really look closely, most overnight successes took a long time.”

Steeve Jobs

Si vous regardez vraiment de près, la plupart des succès du jour au lendemain ont pris beaucoup de temps.

le patron d’Amazon, lui dit plutot:

All overnight success takes about 10 years. 

Jeff Bezos

Tout succès du jour au lendemain prend environ 10 ans. 

Applique la méthode agile à sa vie, c’est à mon sens de l’amélioration continue. Ça permet entre autres de voir un escalier à grimper plutôt qu’une falaise à escalader. Ça permet d’être souple et de pouvoir changer de direction si nos priorités ne sont plus les mêmes

Donc tout simplement, de la même manière qu’en informatique

Création du backlog et découpage des tâches

Il faut d’abord savoir quelle est la direction à prendre (même si on change de chemin en cours de route). Je ferai peut-être d’autres articles à ce sujet, mais c’est un important de connaitre ta direction.
Ne pas connaitre la direction de ta vie ou d’un projet spécifique de ta vie, c’est un peu comme monter dans un taxi et quand il te demande où tu souhaites aller, de lui répondre “je ne sais pas”. Ça n’a pas de sens.

Liste tout ce que tu veux faire, réaliser ou devenir. Que ce soit à court, moyen ou long terme. Personnellement ou professionnellement.

  • Faire le tour du monde
  • Apprendre à coder avec un nouveau language
  • Acheter un appartement
  • Manger plus sainement
  • Faire du sport
  • Avoir une augmentation

Pour chaque but, détail ensuite chaque étape en actions concrètes à réaliser.  Assure toi d’avoir des objectifs Spécifiques, Mesurables, Atteignables, Réalistes, Temporellement défini (S.M.A.R.T.).

Être millionnaire immobilier n’est pas un objectif S.M.A.R.T. . Acheter un appartement à 100 000€ d’ici la fin de l’année et répéter l’opération 10 fois est un objectif S.M.A.R.T. .

Si chaque action te semble toujours être une montagne, c’est que tu peux surement encore la découper en plusieurs morceaux. Acheter un appart à 100 000€ c’est beaucoup. Épargner 10 * 10 000, c’est déjà plus “abordable” .

Définir les priorités

Demande-toi ensuite quels sont les priorités et les poids de chaque action. Pour ça tu peux t’aider de la matrice d’Eisenhower. Est-ce que tu préfères en priorité acheter un appartement ou te remettre en forme ou faire le tour du monde? 

Concentre-toi sur un lièvre!!  Même si, au final, si tu le décides tu peux chasser tous les lièvres un à un. Tu ne peux par contre pas les chasser tous en même temps (en tout cas c’est moins efficace).

Ce n’est pas impossible, certains l’ont fait, mais tu auras par exemple du mal à faire le tour du monde et en même temps acheter un appart. À l’inverse, avoir une alimentation plus saine et faire du sport régulièrement vont bien ensemble.

Définir le poids

Définis ensuite le poids de tes actions. Faire le tour du monde n’a pas le même poids financier et temporel que “faire du sport une habitude”. De même, “Acheter un bien immobilier pour un investissement locatif” n’a pas le même poids que “me former sur un sujet pour avoir une augmentation”.

Pour ça, à toi de te créer ta propre échelle de poids, est-ce que c’est une question de temps? D’argent? Un mix des deux? Une barrière mentale à franchir?

Et on sprint

Je l’ai dit, classiquement un sprint en informatique dur 2 semaines. Mais tu n’es pas une machine !! (enfin je ne crois pas ?! ). 2 semaines à l’échelle humaine, c’est court. Selon moi, sur le plan humain, un bon sprint peut être de 90 jours / 3 mois / un trimestre. Assez long pour mettre beaucoup d’actions en place, pour voir beaucoup de changement, mais en même temps assez cour pour en faire plusieurs dans l’année, ajuster la trajectoire ou changer de cap s’il le faut

La retrospective

Une fois ces 90 jours passés, on regarde dans le rétro,  fait une rétrospective:

  • Qu’est-ce qui s’est bien passé? Pourquoi?
  • Qu’est-ce qui s’est mal passé? Pourquoi ?
  • Est-ce que je suis toujours en accord avec mes objectifs?
  • Quelles sont les prochaines étapes? Qu’est-ce que je mets dans le prochain sprint ?

Épilogue

Voilà pour moi, ce mode de fonctionnement collerait parfaitement avec une démarche d’amélioration continue personnelle. Une implémentation idéale pour partir d’un point A pour aller à un point B sans se dire qu’on doit faire un trajet direct.

Ça laisse plus de place à la progression.

Le changement est un processus long. Pour supprimer une mauvaise habitude , en créer une nouvelle (ou en général en remplacer une mauvaise par une bonne) ça demande du temps. Il y a des hauts et des bas, des baisses et hausses de motivation…

Partagez l'article:
FacebookTwitterEmailLinkedIn

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.